
Définition du deuil périnatal
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), on parle d’un deuil périnatal lorsque les parents perdent leur bébé entre 22 semaines d’aménorrhée et le 7ème jour après sa naissance. On entend souvent les termes de fausse couche, d’enfant mort-né, de mort in utero…
Le deuil périnatal est une expérience tragique et douloureuse pour les parents qui subissent la perte d’un fœtus ou d’un nouveau-né. Ce type de deuil est souvent minimisé (parfois ignoré) car le bébé n’a pas eu d’existence physique, car les proches n’étaient pas au courant de la grossesse en cours, car cet enfant a principalement existé pour ses parents…
C’est surtout pour le couple parental que la douleur est vive. L’entourage peut se sentir impuissant et dépossédé de ses moyens face à ce triste événement. Pourtant, il est essentiel que la société reconnaisse les parents qui subissent un deuil périnatal et aient les ressources pour les soutenir.
En brisant le silence sur cette question importante, nous pouvons aider à prévenir les stigmatisations et les préjugés qui peuvent aggraver la douleur et le chagrin. Voici pourquoi j’ai réalisé cet épisode de Holi & Thanato avec Jessica.
Il est important de comprendre et de rappeler que, comme toute expérience de deuil, celle du deuil périnatal est unique. Tout parent qui souffre de cette perte a le droit de chercher le soutien et réconfort dont il a besoin.
entre injustice et impuissance
Le deuil périnatal est une épreuve extrêmement douloureuse pour les parents car elle amène son lot de tristesse, de colère, de culpabilité et de solitude. Mais aussi et surtout des sentiments d’injustice et d’impuissance.
Alors que les morts infantiles étaient acceptées et comprises par le passé, elles sont aujourd’hui devenues intolérables au vu de l’évolution de notre médecine et de notre société. Malheureusement, même avec les plus belles technologies, il y a des choses que nous ne contrôlons pas et sur lesquelles nous sommes impuissants.
Faire l’expérience de cette impuissance peut amener à se condamner soi-même mentalement et moralement ainsi que physiquement pour la femme et maman qui portait cet enfant. Dans le processus de deuil, nous passons par cette phase où la culpabilité a sa place et son sens. Néanmoins, la culpabilité n’est pas une fin en soi, le cheminement du deuil nous amène à la dépasser et la vaincre pour s’établir à un autre niveau dans des sentiments plus sains face à cette perte.
Cette mort soudaine nous renvoie à l’impermanence des situations, des êtres et de notre monde. C’est pour cela que notre environnement peut devenir un lieu imprévisible de dangers et provoquer de l’angoisse pouvant aller jusqu’à un isolement de l’un ou des deux parents. L’équipe médicale, les proches et les amis doivent être bienveillants et attentifs aux besoins et aux émotions des parents.
Si c’est votre cas aujourd’hui, sachez que vous n’êtes pas seul(e)s. Des ressources existent pour vous aider à faire face à cette épreuve, qu’il s’agisse de soutien psychologique, de groupes de parole ou de lieux de recueillement. Il est important de s’entourer d’aide et d’écoute pour surmonter cette période difficile et se reconstruire petit à petit. Sentez vous libre de me contacter pour en discuter.

Perdre un enfant, perdre son sens
Perdre un enfant est sans aucun doute l’une des épreuves les plus bouleversantes de la vie. Peu importe les circonstances, tous les aspects de la vie d’un parent sont affectés de la santé mentale et physique à la dynamique familiale.
En effet, faire le deuil de son bébé, c’est aussi faire le deuil de cet avenir que nous avions projeté et rêvé. C’est faire le deuil de ce projet de famille auquel nous avons accordé de l’énergie et de l’amour. C’est une déstructuration complète de notre personne, de notre avenir et de notre vie.
Selon l’avancée de votre deuil, sachez que cette perte va venir s’inscrire dans votre histoire. Il est possible qu’aujourd’hui elle vous anéantisse encore et vous empêche de vous projeter à nouveau et (re)trouver de la force pour (re)créer cet avenir.
Il n’y a pas de formule magique pour faire face à une telle tragédie. Pour autant, je vous invite vivement à vous écouter pour entendre vos besoins et y répondre favorablement. Certaines personnes cherchent à se connecter avec d’autres parents ayant vécu la même expérience, tandis que d’autres préfèrent se recueillir en solitaire. Nous en parlons avec Jessica qui nous fait part de son propre chemin.
Enfin, il est essentiel de garder l’espoir et la positivité. Bien que la douleur dure, il existe des moyens de trouver la lumière au bout du tunnel afin de (re)trouver un nouveau sens à la vie. Quelle que soit la route choisie, la vie ne sera plus comme avant. Néanmoins, la vie peut redevenir lumineuse même après une perte aussi dévastatrice.

mamange – papange – paranges
Ce sont des mots-valise construits à partir de « maman », « papa » ou « parent » et le mot « ange » et symbolisent les parents endeuillés. Mettre des mots sur les maux est important et ce d’autant plus lorsqu’on n’a pas pu voir pour croire. En effet, dans un deuil périnatal, les parents ne peuvent, parfois, pas voir la réalité de ce bébé qui ne vivra pas. Or, c’est une condition importante et facilitatrice pour intégrer en soi cette vision de la mort que notre être refuse.
Cette intégration difficile peut plonger le couple parental (ou l’un des deux parents) dans une douleur constante de voir les rêves de maternité s’envoler et le poids incommensurable de l’amour pour un enfant qui n’est plus là.
Pour autant, être une mamange ou un papange, ce n’est pas juste être un parent qui a perdu son enfant. C’est être une personne battante, qui continue d’avancer malgré la douleur, une personne qui se questionne sur la vie, la mort et le sens de tout cela, c’est une personne qui cherche et trouve la force à l’intérieur d’elle-même. C’est une expérience qui nous change à jamais, tant dans notre cœur que dans notre façon de voir le monde.
Selon votre évolution dans votre deuil, ces mots peuvent être difficiles mais sachez aussi que tout n’est pas que tristesse. Les paranges sont aussi des personnes qui ont pris conscience de la valeur de chaque instant. Ils apprécient chaque moment passé avec leurs proches et sont reconnaissants de chaque lueur d’espoir qui se présente à eux.
Votre enfant est toujours avec vous, chaque jour, dans votre cœur et votre esprit. Vous le portez partout avec vous et vous êtes celui / celle que vous êtes grâce à cet enfant et à cette expérience. Votre enfant vous inspire à être la meilleure version de nous-mêmes et à ne pas oublier, que cette expérience – bien que traumatique – est aussi profondément belle et vous aura changé pour toujours.
Malgré tout, si vous vous sentez seul(e), trouver le soutien qui aura du sens pour vous afin de partager votre douleur avec d’autres et par cet intermédiaire vous aider à la rendre plus supportable.
Si ce sujet vous touche de près ou de loin, je vous invite à écouter l’épisode n°2 de Holi & Thanato avec jessica 👇
